Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/393

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L’ombre de leur passé noircirait l’avenir.
Vous dont la noble cendre essuya tant d’outrages,
        Poètes français, rois des âges,
Il reste des autels pour votre souvenir !
Votre culte renaît… sans trembler ou rougir
Nous pouvons regarder vos sublimes images.

Non, tu n’es pas éteint, poétique flambeau ;
Et qu’importe aujourd’hui ces crimes de la veille !
Aussi grands qu’autrefois vous sortez du tombeau,
Racine, Bossuet, mânes des deux Corneille
        Et vous, ombres des deux Rousseau !

Le vieux laurier du Cid, la palme d’Athalie,
L’arbre dont le Thabor crut la sève tarie,
        Comme autrefois beaux et féconds,
Vont, sous un ciel plus clair, de sacrés rejetons
        Orner leur tige rajeunie.

Oui, ma pairie enfin devine sa grandeur ;
Plus belle, sans fléchir sous son fardeau de gloire ;
Elle sait qu’il existe une calme victoire
Qui donne pour butin les siècles au vainqueur.

        Long-temps muette, l’Éloquence,
        Dans sa force et sa liberté,
Entre ses bras d’Hercule étouffe l’ignorance,
Et brise sous ses pieds le joug qu’elle a porté.