lèvres, si facile à comprendre pour un enfant, lorsque c’est son cœur qui l’écoute ; et le cœur
du dedans de mon appartement ne fermant qu’au loquet, je ne sortis pas sans lui faire une forte recommandation de ne point approcher du feu, ce qu’elle me promit bien. Je fus fort étonnée lorsque je rentrai de ne la point voir accourir au-devant de moi pour chercher un petit gâteau que je lui avais promis. Je crus qu’elle s’était endormie, et je me hâtai d’aller vers le lit où je pensais qu’elle s’était peut-être couchée. Ne l’y ayant point trouvée, je l’appelai, mais non sans un frémissement horrible, car il me sembla qu’elle était morte. — Me voilà, ma petite maman mignonne, me répondit-elle avec sa petite voix argentine, me voilà. — Et mais où es-tu donc, ma chère petite ? — Derrière la porte des pénitences, ma petite maman mignonne. — Et qui est-ce qui t’a mise là, ma fille ? — C’est moi, ma petite maman. — Et pourquoi, mon cher ange ? — Tu sais bien qu’en sortant tu m’as défendu d’approcher du feu ? — Oui. — Eh bien ! j’y suis allée tout de même, j’y ai mis un petit pot pour faire la soupe (le pot resté au feu témoignait de la vérité), parce que je voulais faire la dînette avec ma poupée ; mais j’ai pensé que je t’avais désobéi et que je méritais d’être punie, et je me suis mise derrière la porte des pénitences : tu n’étais pas là pour m’y envoyer. J’ai bien fait, n’est-ce pas, ma petite maman, d’aller derrière la porte des pénitences pour m’empêcher de retourner au feu quand tu seras sortie ? car si tu ne m’avais pas donné le fouet quand j’ai volé l’image à Joséphine (*) je serais peut-être devenue une voleuse ; on