Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/54

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arbres… des feuilles… La nature, parée de ses mille guirlandes de fleurs, étalait à ses yeux tous les trésors de sa beauté. Jamais je ne vis une extase semblable à celle d’Élisa ; tous ses sens semblaient être passés dans ses yeux, on eût dit qu’elle était sous l’empire de quelque charme. Lorsqu’elle fut un peu remise de la surprise que lui avait causée le spectacle inattendu que ses regards contemplaient avec tant de ravissement, elle s’abandonna à des transports de joie si excessifs, que, quoique j’en aie été témoin, je n’oserais entreprendre de les décrire, tant je suis persuadée que je ne pourrais réussir. Tout ce que je puis dire, c’est que je ne parvins à la décider à quitter ce lieu qu’en faisant placer dans la voiture quelques branches d’aubépine bien fleuries, qui, rendues à la maison, lui devinrent des arbres sous lesquels elle mettait ses poupées à l’ombre. Nous ne fûmes pas plus tôt rentrées qu’elle donna, à l’exception de quelques-unes, ses feuilles sèches à sa bonne pour allumer son feu, et elle me pria d’attacher ensemble celles qu’elle avait réservées et de les suspendre au clou où je suspendais ma montre.

— Eh pourquoi cela ? ma chère petite, lui