Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/55

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dis-je ; pourquoi ne les brûles-tu pas comme les autres ?…

Parce que, ma petite maman mignonne…

— Eh bien ! explique-moi ton parce que.

— Tu sais bien quand tu m’as menée sur le Cour et sur la Fosse, et que je croyais qu’il n’y aurait plus de feuilles, et que tu m’as dit qu’il en reviendrait de nouvelles ?

— Oui.

— Eh bien ! ma petite maman, j’ai pensé que tu ne me disais cela que pour me consoler ; mais qu’il n’y en aurait plus jamais d’autres ; voilà pourquoi je garde celles que tu viens d’accrocher au clou de ta montre, parce que, vois-tu, ma petite maman, à présent, quand tu me diras quelque chose, si j’étais assez sotte pour ne pas te croire, je regarderais le petit paquet de feuilles et je te croirais tout de suite, ma petite maman mignonne, parce que toi, tu ne trompes pas ta petite fille [1].

  1. Lorsqu’Élisa s’était convaincue qu’on la trompait, on ne regagnait plus sa confiance ; aussi chaque fois que la personne qui avait voulu lui persuader qu’il ferait toujours nuit racontait quelque chose devant elle, elle lui demandait si ce qu’elle disait était aussi vrai que les ténèbres dans lesquelles nous devions vivre éternellement.