Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/550

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Mais elle ne l’est pas ; non, cet hymen fatal
N’est que le fruit affreux d’un complot infernal,
Et peut-être sa bouche en ces lieux va m’apprendre
Ce secret odieux, que je ne puis comprendre ;
Vainement tout me dit qu’elle a pu me trahir,
Mon cœur la plaint, l’excuse, et résiste à haïr.

SÉIDE.

Tu cherches à tromper la douleur qui t’anime.

ABENHAMET.

Oh ! ne m’empêche pas de douter de son crime !
Si j’en étais certain, sais-tu qu’en ma fureur,
Je pourrais lui plonger un poignard dans le cœur ?
Et que de ce poignard, teint d’un sang infidèle,
Je pourrais me frapper et mourir vengé d’elle ?

SÉIDE.

Ah ! grand Dieu !

ABENHAMET.

                                Prends pitié d’un amant insensé,
Ne me détrompe pas si je suis abusé.
Séide, laisse-moi mon erreur consolante ;
Songe que j’ai besoin de la croire innocente ;
Que l’hymen, à mes vœux l’enlevant sans retour.
Ne m’a point arraché cet invincible amour
Qui me brûlait jadis, qui me consume encore,
Qu’à peine je contiens dans l’âme qu’il dévore ;
Cet amour, qui, naguère encor pur et sacré,
Par des nœuds immortels dut être consacré ;
Qui, souvent au combat me guidant plus terrible,
M’a presque fait douter qu’il fut rien d’impossible ;
Qui doublait à la fois ma force et ma vertu ;

(Abenhamet prend la main de Séide.)

Ce lent et doux poison dont l’ardeur… Aimes-tu ?