Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/568

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D’un rendez-vous donné ? Par un espoir fatal,
L’aurait-on attiré dans un piège infernal ?
Aurait-il succombé ? L’infortuné peut-être
Est expiré déjà sous le poignard d’un traître ;
Et pour le massacrer on s’est servi de moi !
Oh ! je me sens troubler d’un invincible effroi !

INÈS.

Pourquoi prolongiez-vous cet entretien funeste ?
Il fallait fuir.

ZORAÏDE.

                        Le ciel, qu’ici ma bouche atteste,
Sait que je le voulais, mais, inutile effort ;
La prudence et l’amour sont-ils toujours d’accord ?
Pour la dernière fois quand on voit ce qu’on aime,
On se sent arrêter par une main suprême ;
Une chaîne invisible, hélas ! retient nos pas ;
On veut fuir, on le doit, mais on ne le peut pas !

INÈS.

Quand du généralif vous sortiez éperdue,
Se plaignant d’une voix qu’à peine ai-je entendue,
Quelqu’un (oui, c’étaient bien les soupirs d’un mourant).
Quelqu’un près d’un bosquet se traînait expirant.

ZORAÏDE, jetant un cri.

Grand Dieu ! mort ! et pour moi, malheureuse !

INÈS, effrayée.

                                                                                        Ah ! madame !
Qu’ai-je dit ? quelle erreur a passé dans votre âme ?
Remettez-vous. À peine alors le quittions-nous ;
Non, ce n’était pas lui ; de grâce, calmez-vous.

ZORAÏDE.

Ciel ! qui donc pouvait-ce être ? Ah ! pour combler l’abîme