Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/59

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ma petite maman, tu verras que je saurai bientôt lire

Elle avait raison, elle sut bientôt lire… Comme elle me l’avait dit, elle n’avait rien oublié de ce que je lui avais enseigné, rien ne s’était échappé de sa mémoire, tout s’y était, je crois, au contraire buriné ; car trois mois après, elle pouvait sans aide lire toutes les affiches qu’il lui plaisait… Elle redonnait à sa fille (c’était sa poupée) toutes les leçons qu’elle recevait de moi ; mais tous ses efforts, comme on le sent, pour lui donner le goût de la lecture se trouvaient infructueux ; son enfant n’apprenait rien, et restait, à son grand déplaisir, insensible à toutes ses remontrances ; aussi me faisait-elle souvent part de l’inquiétude que lui causait son indolence pour l’étude.

— Je suis une mère bien malheureuse, madame, me dit-elle un jour qu’elle venait de donner une leçon à sa poupée dont le résultat n’avait pas été apparemment tel qu’elle le désirait, je ne sais vraiment plus ce que Marie [1] deviendra ; elle ne veut ni apprendre à lire ni à compter, et pourtant vous êtes témoin de la

  1. C’était le nom qu’Élisa donnait à sa poupée ; elle préférait le nom de Marie à tous les autres noms.