Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/61

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que ma complaisance l’engagera à apprendre, mais je me donne, je le vois, une peine inutile… Pensez-vous que je ferais bien de renfermer les livres et de ne plus lui lire d’affiches ?…

C’était ainsi que se passaient toutes les journées d’Élisa ; elle me pria de la faire écrire, et elle l’apprit avec la même facilité qu’à lire. Depuis cet instant, elle s’appliqua tellement à l’étude, qu’on la trouvait toujours avec un livre en main[1]. La pensée d’un nom imprimé avait une telle magie pour cette pauvre enfant, que, dès l’âge de cinq ans, elle se rêvait une destinée d’auteur [2]. Elle se voyait au milieu de

  1. Élisa s’instruisait en jouant, toute son éducation s’est faite ainsi, ses leçons étaient toujours partagées par un conte, c’était un véritable stimulant pour elle ; je crois qu’elle aurait bien moins appris si l’on n’avait eu cette complaisance ; elle en avait tant de reconnaissance qu’elle croyait ne pouvoir mieux la prouver qu’en s’appliquant à ses devoirs. On pourrait dire que le jeu lui servit d’échelon pour atteindre la science.
  2. Quelqu’un avait mené Elisa à une imprimerie où un ouvrier lui avait imprimé son nom sur le bras ; elle en avait été si enchantée qu’elle ne voulait pas que je lui lavasse le bras sur lequel il était dans la crainte de l’effacer. « Vois donc, me disait-elle, ma petite maman, comme mon nom est joli quand il est imprimé. » Cette imprimerie était celle de M. Mélinet Malassis où ses premières poésies ont été imprimées ; et, ce qu’il y a de singulier, c’est que l’ouvrier pressier qui a imprimé à Nantes, chez M. Mélinet, les poésies d’Élisa Mercœur est le même qui imprime ses Œuvres à Paris.