Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/62

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rayons chargés de livres de sa composition… Ce fut dès l’âge de six ans qu’elle eut la pensée de faire une tragédie sur le sujet qu’elle a traité à dix-neuf. Voici ce qui lui en donna l’idée :

Du moment où Élisa sut lire, la lecture devint sa passion dominante, surtout celle de l’histoire, des contes et de la tragédie.

Pour qu’elle ne gâtât pas tous les livres de ma bibliothèque, j’avais été obligée de lui en abandonner quelques-uns. Parmi ceux que j’avais mis sa disposition se trouvaient les deux volumes de Gonzalve de Cordoue, par Florian, qu’elle ne pouvait se rassasier de lire, quelques volumes des contes des Mille et une Nuits et un volume de tragédies par Ducis, où se trouvait son roi Léar. Elisa la lisait si souvent qu’elle ne tarda pas à la savoir toute par cœur. Il fallait entendre de combien de malédictions cette pauvre petite chargeait les deux ingrates filles de ce malheureux monarque, et comme elle le plaignait d’être le père de pareils monstres !… Mais les malheurs de la jeune et vertueuse reine de Grenade et d’Abenhamet, son amant, lui faisaient verser d’abondantes et constantes larmes. Une fois, qu’elle pleurait à sanglots sur ces infortunés, elle me dit :