Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/619

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ZORAÏDE, abattue.

Mon courage s’en va, je me croyais plus forte !

IBRAHIM, au Héraut d’armes.

Héraut, parcours ces lieux, proclame à haute voix
L’arrêt que par ma bouche ont prononcé nos lois.
Dis que la reine attend un bras pour sa défense ;
S’il s’offre un combattant, quel qu’il soit, qu’il s’avance.


Scène V.

Les Précédens, excepté le Héraut d’armes.
IBRAHIM.

Le ciel dans ses décrets, reine, est juste toujours ;
C’est à vous de savoir s’il vous doit son secours.
Innocente, espérez ! Résignez-vous, coupable.

ZORAÏDE, avec candeur.

Ah ! je suis innocente, et l’effroi qui m’accable,
Malgré moi, cependant, domine tout mon cœur ;
Je ne crains pas la mort, je crains le déshonneur !

INÈS, priant.

Ô toi ! Dieu des chrétiens, daigne veiller sur elle !
Toi, qui connais son âme à la vertu fidèle,
Dieu tout-puissant, confonds un lâche accusateur ;
Viens sauver l’innocente, et frapper l’imposteur.

ZORAÏDE.

Ah ! s’il pouvait l’entendre !

IBRAHIM, priant.

                                                    Et toi, Dieu du prophète !
Toi, qu’on ne peut tromper, ta science secrète