Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/660

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JANE.

Combien, depuis un mois, je l’ai senti, mon père ;
Car mon âme se fait un tourment du mystère ;
Je ne puis déguiser ma peine ou mon bonheur,
Je ne sais pas cacher ce qu’éprouve mon cœur.
Non, jamais, je n’ai feint la joie ou la souffrance.
Vous, de qui l’amitié reçoit ma confidence,
Le croirez-vous, déjà tout est changé pour moi ;
Mon avenir me cause une espèce d’effroi.
Naguère, aux premiers jours d’un heureux hyménée,
Quand chaque heure pour moi, s’écoulant fortunée,
Loin du faste des cours s’enfuyait doucement,
Tout était dans ma vie espoir, enchantement ;
On me sut arracher à mon paisible asile.
Je vins chercher à Londres un destin moins tranquille ;
Chacun, hélas ! mon père, en ce brillant séjour,
Rêve d’ambition même en parlant d’amour.
Gilfort qu’elle séduit, Gilfort n’est plus le même ;
Et lorsque ses remords disent encor qu’il m’aime,
Sa bouche m’entretient de pouvoir, de splendeur ;
Sa chimère poursuit un songe de grandeur.
Autour de moi, chacun à l’envi me prodigue
Des honneurs, un respect dont l’excès me fatigue.

HASSAN[sic].

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JANE.

J’oubliais ; dites-moi, savez-vous ( car peut-être
Avant de me l’apprendre, on vous l’a fait connaître)
Ce secret qu’aujourd’hui l’on doit me révéler ?
Un secret, ce mot seul m’a fait, hélas ! trembler.
Comme un pressentiment d’un avenir funeste,
J’ai craint que du bonheur j’eusse épuisé le reste :