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Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/70

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— Eh bien ! ma petite maman, si le bon Dieu m’a parlé en rêve, il aurait bien pu avertir comme ça le roi Léar de se défier de ses deux méchantes filles…

— L’indignation que te cause l’ingratitude des deux aînées de ce pauvre roi, te fait, je crois, oublier ta tragédie, mon Elisa…

— Oh ! que non, ma petite maman, écoute. »

L’arrivée de la bonne, qui lui apportait son déjeuner, l’empêcha de continuer, mais, dès qu’elle eut achevé de manger, je la levai et elle reprit :

« Je n’ai point oublié ma tragédie, comme tu le crois, ma petite maman ; va, si on en a fait une sur l’ingratitude des deux méchantes filles du roi Léar, on n’en fera jamais une sur moi pour un sujet semblable, je t’assure ; on ne dira jamais dans l’histoire que j’ai été ingrate envers toi et que je ne t’aimais pas, mais on dira : La petite Elisa Mercœur aimait tant sa maman, qui était si bonne pour elle, que, pour qu’elle fût tout-à-fait heureuse, elle a fait une tragédie pour la rendre riche ; car il ne manquait que de la richesse au bonheur de sa mère… C’est vrai, n’est-ce pas, ma petite maman, qu’il ne manque