Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/71

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que cela à ton bonheur ; tu l’as dit l’autre jour à madame Olive [1]

— Il n’y manquerait rien sans cela, ma chère bien-aimée, si mon amour pouvait te soustraire à la gêne, car ton amitié pour moi m’est d’un prix au-dessus de tous les trésors du monde… Si je désire de la fortune, ma chère Élisa, ce n’est pas pour moi, crois-le bien, c’est pour toi, ma bonne petite ; si tu savais ce que souffre le cœur d’une mère lorsqu’elle n’entrevoit pas pour l’enfant qu’elle chérit un avenir tel qu’elle le désirerait. Mais je ne dois plus m’attrister par de semblables réflexions, ton avenir est maintenant dans tes mains, et je pense que tu te le composeras le plus avantageux possible. Parlons de la belle tragédie que tu dois faire pour me rendre riche ! Tu ne m’as pas dit où tu en as pris le sujet, ni quel en sera le titre.

  1. Élisa voulait parler d’une réponse que j’avais faite quelques jours avant à madame Olive (c’était une dame de mes parentes) qui me disait en voyant Élisa m’embrasser : « Vous devez vous trouver bien heureuse d’être aimée si tendrement de votre fille. — Tellement, lui répondis-je, que si j’avais assez de fortune pour lui laisser un sort indépendant, rien ne manquerait à mon bonheur. » Dix-neuf ans après, il n’y avait plus de bonheur possible pour moi, et madame Olive me disait : « Que vous êtes malheureuse ! que je vous plains ! » Elle venait de voir mourir ma fille !!!