— Tu me parais si certaine de la possibilité de bien faire ta tragédie, mon cher ange, que tu finis par m’inspirer toute confiance en ton talent, et puis d’ailleurs je ne doute point que tu n’y parviennes avec le secours de Dieu. Ainsi il ne me reste plus qu’à être instruite de l’endroit où tu te proposes de la faire représenter : c’est à Nantes, je pense ?
— Pas d’abord, ma petite maman mignonne.
— Et pourquoi cela, ma chère fille ?
— C’est que j’ai entendu dire plusieurs fois, aux personnes qui viennent nous voir, que pour qu’une pièce ait du succès en province, il faut toujours qu’elle soit jouée à Paris auparavant.
— Et sur quel théâtre se portent tes vues, mon Élisa ?
— Sur le Théâtre-Français, ma petite maman !…
— Mais, si j’ai bonne mémoire, ma petite belle, tu m’as dit que tu voulais lire toi-même ta tragédie ?
— Oui…
— Mais tu ne réfléchis donc pas que nous sommes à cent lieues du Théâtre-Français ?
— Oh ! que si, ma petite maman.