Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/74

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— Et comment pourras-tu y lire ta pièce, étant à une telle distance ?

— J’écrirai pour en demander la permission, et, si on me l’accorde, nous partirons. Tu voudras bien, n’est-ce pas, maman ?

— Sans doute ; mais je ne vois pas à qui tu t’adresseras pour obtenir la permission que tu seras obligée de solliciter ?

— Aux comédiens du Théâtre-Français eux-mêmes, ma petite maman.

— Je suis curieuse, mon enfant, de connaître le contenu de la lettre que tu leur adresseras.

— Oh ! elle ne sera pas bien difficile à faire, je t’assure ; d’ailleurs, tu sais bien que j’ai déjà un peu l’habitude d’écrire des lettres, puisque nous nous écrivons toutes les deux [1]… Comme tu

  1. Élisa avait appris si promptement à écrire, elle ressentait un tel besoin d’occuper son imagination, qu’il était rare qu’elle n’eût pas un livre ou une plume en main, et très souvent elle avait l’un et l’autre, car elle copiait les choses qui lui plaisaient. Alors il me vint à l’idée de profiter de son goût pour écrire pour commencer à former son style, c’est-à-dire à lui faire poser ses pensées sur le papier, et je l’engageai pour cela à entretenir avec moi une correspondance suivie. Nous placions les réponses sous les lettres… Voici les trois premières qu’elle m’écrivit ; elle avait alors deux mois de moins que six ans.

    « On sait si peu de choses à mon âge, ma bonne petite maman mignonne, qu’il ne faut pas t’attendre à trouver en moi des