Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Mon cher mari,

« Sont-ils donc si mauvais qu’ils ne puissent te plaire,
« Ces vers qui malgré moi s’échappent de mon cœur ;
« Ces vers que mon amour me dicte pour ma mère ;
« Ces vers que je voudrais qui fissent son bonheur ? »

« Eh bien ! me dit M. Danguy en me regardant embrasser Elisa qui avait sauté sur mes genoux, que pensez-vous que mérite un tel délit ?

— Grâce entière, me hâtai-je de lui répondre, et je suis persuadée qu’il n’est point de juge, à ma place, qui ne pensât comme moi… Écoute, mon cher ange, dis-je à Élisa, comme l’humeur que paraissent te faire éprouver les petites tracasseries qui s’élèvent depuis quelque temps entre ton mari et toi relativement aux vers que tu fais pourrait t’empêcher de prêter à ce qu’il te dirait sur ce sujet la même attention que je suis sûre que tu voudras bien m’accorder, laisse-moi, ma chère mignonne, d’abord, tenter de rétablir la bonne intelligence qui, d’habitude, régnait parmi vous, et te dire ensuite quel motif porte ton mari à te donner le conseil de ne pas faire des vers ; ne va pas croire au moins, mon Élisa, que ce soit parce qu’ils lui déplaisent et qu’il les trouve mauvais, non,