Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/91

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ma chère petite, non, tes vers ne lui déplaisent point, sois en sûre, non, il ne les trouve pas mauvais, car les vers qui échappent au cœur ne sauraient jamais l’être, ma bien aimée ; ceux-là valent toujours mieux que les autres.

— Et pourquoi donc, vilain, dit-elle en adressant la parole à M. Danguy, si mes vers sont bons, es-tu toujours à me gronder quand j’en fais, et à me dire qu’il faut attendre que je sois capable de les bien faire ?

— C’est par intérêt pour toi, ma petite femme ; crois bien que je suis incapable de te faire du chagrin.

— Oui, mon amour, lui dis-je, c’est par intérêt pour toi, car songe que ce projet de tragédie qui, depuis seize mois, absorbe à lui seul toutes tes pensées, et que ton désir de me rendre heureuse te fait croire possible, n’est maintenant, ma petite enfant, qu’une chimère ; plus tard, ma chère mignonne, ce projet conçu par ton cœur pourra peut-être devenir une réalité ; mais alors tu pourras peser au poids de la raison toute l’importance d’une telle tâche et tout ce qu’elle impose à celui qui l’entreprend, car qui, sans calculer ses forces, ma fille, se charge d’un fardeau trop pesant se