Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/131

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que nous ne sachions pas le but du voyage de M. d’Humière en Picardie ; que nous n’ayons pas lu aussi, nous, certaine liste de signataires, comme membres de la Sainte-Union ! Beau prétexte de rébellion que de mettre en avant la défense de l’Église ! Monsieur de Guise prend Dieu pour son complice, et cela sans honte du sacrilège. Allez, ma mère, le Duc regarde à ma couronne plus qu’à ma conscience ; et moi, roi très chrétien, j’ai plus à craindre mon cousin de Lorraine, le catholique, qu’à redouter mon frère de Navarre, le huguenot.

— Mon fils, sur de simples soupçons…

— Oh ! ces soupçons-là, ma mère, valent bien une certitude. Si la trahison est une lèpre inséparable de la puissance, croyez-vous que celle du duc de Guise soit plus exempte que la mienne d’en être souillée ? pensez-vous que si l’on vend mes secrets, personne ne fasse trafic des siens ? Mais on n’a pas besoin de les acheter tous, lui-même en donne ; la contrainte le gêne, il a hâte