Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/154

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avait soumis à la puissance de ses charmes le cœur de François de France, elle avait également subjugué celui de Henri de Navarre. Tous deux séduits, tous deux crédules, avaient foi dans son retour, et s’ignoraient comme rivaux.

Et cependant ils se rencontraient souvent en sa présence, car il était là aussi le Béarnais ; et si nous ne l’avons pas regardé jusqu’ici, c’est que jusqu’ici il importait fort peu que nous le vissions ; le voir, c’eût été détourner les yeux de ceux que nous avions intérêt à ne pas perdre de vue. Et d’ailleurs, qu’eussions-nous appris à le regarder ? Réduit par la trêve à l’oisiveté, c’était pour sa force un moment de sommeil ; retenu à la cour, libre de nom, mais n’y ayant pas plus de liberté réelle que s’il eût porté des fers rivés aux pieds et aux mains, le Louvre était une cage royale où l’aigle dû Béarn se trouvait contraint à rester les ailes ployées.

Henri III recommençait à se lasser de son frère : habitué à le considérer en ennemi, il