Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/155

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avait peine à s’accoutumer à la confiance envers lui ; cependant il semblait prendre à tâche de captiver celle du prince, dont il voulait endormir la prudence. Mais si le roi se conduisait en apparence en frère affectionné, ses favoris trouvaient le moyen de le dédommager de cette contrainte, en insultant, par de continuelles railleries, les serviteurs du duc. Cette insolence, excitée sous mains par celui au profit duquel elle s’exercait, s’augmentait chaque jour ; il n’existait qu’un seul homme auquel elle n’osait s’attaquer : elle se serait brisée impuissante en se heurtant contre lui. Athlète de courage comme de taille, le brave Bussy d’Amboise était le bouclier de son maître, et renvoyait émoussées les flèches lancées au duc d’Alençon par les favoris du roi. Bussy était comme un avant-poste qu’il fallait enlever, et qui, emporté, eût mis l’armée en déroute. Mais ce n’était pas en jour, ce n’était pas ouvertement qu’il y avait possibilité d’attaque ; c’était la nuit, et le poignard à la main, que la