Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/194

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grès déjà faits sont un gage infaillible des progrès qui suivront ; mais il en reste encore beaucoup à faire, les chaînes morales qui pèsent sur elle, à défaut de liens matériels, qui sont en partie brisés, sont nombreuses et lourdes ; elle a un immense terrain à conquérir pied à pied ; il est vrai qu’elle a affaire avec un ennemi de bonne composition, qui finit toujours par céder.

Autrefois on ne connaissait que l’histoire des princes ; depuis quelques années on fait l’histoire des peuples ; mais l’histoire des femmes est encore à faire. Sur la scène de l’histoire, où bien peu de femmes apparaissent, et où nous croyons qu’elles ont joué un rôle plus grand qu’on ne pense communément, mais un rôle secret et usurpé, ce petit nombre, que le génie plus fort que les obstacles tire de l’obscurité à laquelle son sexe le condamne, est persécuté et comme mis hors la loi par la société, qui n’a pas pour lui une place légale : Jeanne d’Arc est brûlée comme sorcière, madame Roland