Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/249

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l’avare qui meurt de faim auprès de son or ; il craint de dépenser de son âme, et il se prive, l’insensé, des plus douces jouissances qu’il pourrait obtenir en échange de ses affections.

— La haine.

— Ah ! fi la hideuse ! si elle sied mal au cœur d’un homme, elle est encore plus horrible dans celui d’une femme !

— La mémoire.

— La mémoire, répéta la fée en s’arrêtant devant ce creuset, c’est une lampe divine allumée dans la nuit du passé ; sans cette faculté magique, la vie de l’homme se bornerait à l’instant présent, et un moment ne suffit pas pour mûrir les fruits de l’esprit ou du cœur. La mémoire est l’œil de l’âme ; c’est un miroir placé en face du temps, et qui garde l’image de ce qu’il réfléchit. Sans doute elle est terrible et douloureuse, quand elle évoque le fantôme d’un crime ou celui d’un malheur ; mais qu’elle est douce et consolante lorsqu’elle fait apparaître aux regards