Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/275

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— Ainsi, vous n’en voulez pas, seulement parce que son avis diffère quelquefois du vôtre ?

— Mais, ma bonne amie, c’est une puissante raison que celle-là. Pour vivre heureux ensemble, il faut n’avoir qu’une âme à deux ; il faut que chaque émotion qui frappe au cœur de l’un résonne au cœur de l’autre : il est si doux de pouvoir se dire : Je n’ai pas une pensée, un désir, un projet, qui ne soit dans son cœur comme dans le mien ; nous avons fait nos parts égales dans notre destinée, et ma douleur, ma joie, mes regrets ou mes espérances sont à lui comme à moi ; j’existe de sa vie, et lui vit de la mienne ; nos deux âmes se sont échappées ensemble du sein de la divinité, comme deux flammes pareilles, deux rayons frères, détachés du même flambeau, à la clarté duquel ils rejoindront, ensemble, leurs étincelles exilées.

— Ainsi le bonheur est impossible pour deux époux qui n’ont pas au juste et dans tout les mêmes pensées, les mêmes sentimens ?