Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/277

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— Qui me l’a dit, ma bonne amie ? c’est ce beau livre que vous avez brûlé.

— Et vous êtes bien sure que ce beau livre n’a pas menti ?

— Comment donc ? rien n’est plus vrai.

— Rien n’est plus vrai ! répéta la fée avec un accent d’ironie amère. Malheureuse enfant, vous ne savez pas tout le mal que vous a causé cette pernicieuse lecture. Égarée par les mielleux sophismes de ce dangereux système de la sympathie des âmes, vous avez fait taire votre cœur pour n’écouter que votre imagination, et la tête remplie de ridicules chimères…

— Ah ! ma bonne amie, pouvez-vous appeler chimères d’aussi grandes vérités ?

— Oui, chimères, je vous le répète. Tout ce que vous avez lu n’est qu’un tissu de gracieux mensonges, un amas de petits riens, enjolivés de mots sonores et de fraîches images ; mais ces petits riens ont produit un grand mal, ils vous ont fait abandonner la réalité pour courir après une ombre qui vous