Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/288

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Elle courut au jardin, armée d’un petit arrosoir d’argent. Elle pensa pleurer du remords de son abandon, lorsqu’en approchant du parterre elle vit ses pâles et tristes fleurs courbant la tête jusqu’au niveau du sol chargé de leurs débris. Elle ôta les rameaux fanés, jeta au vent toutes les feuilles mortes, versa de l’eau au pied des tiges altérées, et s’éloigna.

Elle marcha au hasard, et se dirigea vers la petite colline où la fée l’avait envoyée cueillir un bouquet de simples pour en composer un breuvage à Phédor, Arrivée là, elle s’assit toute pensive, dénoua les rubans de son chapeau de paille, livra les boucles soyeuses de ses beaux cheveux aux fraîches caresses du vent, écouta le bruit d’un filet d’eau qui descendait sur des cailloux, le léger tremblement du feuillage, le bourdonnement des insectes, le frémissement du vol des papillons, et, relisant dans sa mémoire le livre que ses yeux ne pouvaient plus lire : « Oh ! si mon cœur avait des ailes ! pro-