Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/289

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nonça-t-elle en soupirant d’amour ; s’il pouvait quitter sa prison ! je lui dirais : Sors de mon sein ; prends ton vol, ô mon cœur, et, rapide comme l’agile nuage qui fuit à l’horizon lointain, franchis l’espace qui nous sépare ; porte-lui tes regrets, tes vœux et ton espoir, et, léger voyageur, courbe tes ailes et reste auprès de lui. Prends une voix pour parler à son cœur ; révélez-vous tous deux vos intimes secrets ; échangez entre vous vos accens parfumés. Mais, hélas ! captif dans mon sein, ce triste cœur ne peut aller où volent ses désirs, il ne peut qu’espérer et t’attendre. Moitié de mon être ! toi, la plus douce part de ma vie séparée ! pourquoi le Ciel, qui, de la même essence, a formé nos deux âmes, n’a-t-il pas également confondu nos destinées ? Ah ! s’il est vrai que ma pensée soit le reflet de la tienne, tu m’appelles comme je t’appelle, et m’attends comme je t’attends. Que dis-je ?… peut-être as-tu déjà donné cette âme qui fut créée pour moi ! As-tu lié ta vie au sort d’une autre femme ?…