Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/295

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est capable de sentir ou de faire. Et si ce sauvage, dont l’aspect vous épouvante, eût habité, au lieu d’une contrée d’Afrique, un pays civilisé, s’il eut reçu l’éducation que je vous ai donnée, il posséderait les mêmes talens que vous. Chez lui, presque toutes ses facultés sont restées ensevelies, parce qu’aucune main ne s’est donné la peine de les déblayer en fouillant dans son cerveau. Quant à son cœur, vous vous imaginez qu’il ne renferme aucune affection douce, aucun sentiment élevé. Détrompez-vous, il possède, comme le vôtre, de l’amitié, de la bienveillance, de la pitié…

— De la pitié ! dites-vous ? un anthropophage, de la pitié ! lui !…

— Vous le croyez bien féroce, parce que vous le voyez se nourrir de chair humaine ! Il serait aussi sensible que vous à la vue d’une mouche qui se noie, si on lui eût appris à donner une autre direction à ses sentimens. Les coutumes de sa nation lui font regarder comme tout simple de dévorer la