Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/299

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par une œuvre sublime, production de la sienne !

— Mais pourquoi ne se dit-on pas tout cela ?

— Pourquoi ? Que sais-je ? Celui qui se trouve placé au-dessus du vulgaire se plaît à caresser l’idée qu’il ne doit son élévation qu’à lui seul, qu’il s’est lui-même enfanté noble et grand ; il mesure sa taille à celle des autres en comparant la hauteur de la tête, et l’orgueilleux s’applaudit de l’emporter ; mais il ne s’avise pas de baisser les yeux pour regarder le piédestal qui le hausse, ni de réfléchir que ceux qui lui semblent des nains à côté de lui, échafaudés comme il l’est, seraient peut-être des géans, et que lui, si ses pieds touchaient encore le sol, il pourrait se voir aussi dépasser de la tête en se mesurant au niveau de celles de la foule. Combien, dans cette foule, comme vous le disiez vous-même, Lénida, ne se trouve-t-il pas de diamans dans le sein d’un rocher ? combien de conquérans qui n’ont jamais