Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/323

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« Ne trouves-tu pas, mon ami, qu’il n’y a point de fonds aussi difficile à bien placer que le temps ?

— C’est vrai, ma bonne, on ne sait comment l’employer pour qu’il rapporte quelque chose au cœur. C’est presque toujours en pure perte qu’on le dépense. Cependant il faut chercher un moyen de le placer plus sûrement que nous n’avons fait jusqu’ici.

— Si nous partagions la journée en divers travaux, si tantôt nous nous occupions à peindre, tantôt à faire de la musique, ou à lire, à étudier, cela ôterait un peu de sa monotonie au temps dont nous ne savons que faire. La causerie, c’est bien ; mais on ne peut pas toujours causer, surtout quand l’un ne dit jamais que ce que l’autre pense ; car, avant que tu parles, mon ami, je sais déjà tout ce que tu vas dire. Et, vois-tu, la conversation n’est pas long-temps soutenable quand on ne fait que se servir d’écho : ayant toujours le même avis, nous ne nous apprenons rien ni l’un ni l’autre ; et comme