Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/346

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se heurteraient ensemble à chaque pierre du chemin.

— Que vous avez bien raison, ma bonne amie ! Comment ai-je pu être assez en démence pour croire à la possibilité du bonheur d’une pareille union ?

— Vous n’êtes pas la seule personne qui se soit bercée d’une telle chimère. Il y a bien des gens qui voudraient aussi rencontrer leur reflet de cœur, et ce désir insensé ne vient chez eux que d’un excès d’amour-propre.

— Comment ?

— Oui, dans l’examen qu’on fait de soi-même, on se croit si avantageusement partagé des dons de la nature, qu’on se paie un tribut d’admiration et de préférence sur le reste du monde. On ne trouve que soi d’assez digne d’amour, et, pour l’aimer alors, on cherche son semblable, s’imaginant que l’ayant trouvé, tout ce qu’on ferait serait bien, car on ne s’avoue pas capable de rien faire de mal.