Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/388

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lançât par sa présence le pouvoir que pouvait prendre sur Adolphe celle de sa rivale de talent. Elle ne devait pas lui laisser latitude entière pour devenir, peut-être aussi, sa rivale d’amour.

Elle chanta le mardi suivant, parce que Mathilde, engagée ailleurs, n’avait pu venir ce soir-là chez la vicomtesse. Les deux morceaux qu’avait annoncés madame d’Arcy, et qui furent rendus avec une rare perfection, avaient été le coup de grâce pour la jalousie de Fulbertine. Dès lors, elle ne put supporter l’idée de se rencontrer avec l’objet de son antipathie. La pensée même de M. de Norville fut sans effet pour combattre sa haine, ou du moins le sentiment qu’elle nommait ainsi. Elle rencontra Mathilde dans plusieurs maisons, mais jamais elle ne chanta quand celle-ci devait se faire entendre ; elle fît plus, elle se priva d’aller au bal quand elle pensait devoir y trouver mademoiselle Aubry. Le mystère de cette tracasserie d’orgueil devint bientôt le secret de tout le monde ; on s’en