Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/418

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Qu’elle accorde ses dons, alors qu’on l’importune,
                  Que de l’intrigue elle est le prix.

Elle ignorait enfin que si l’on vit Voltaire,
Au nombre des heureux de richesse entourés,
Pauvres sont morts Le Tasse et le divin Homère,
                  Et vingt mille auteurs illustres.

Un jour, tout reposait et la nuit était sombre,
Sa mère était plongée en un profond sommeil,
Quand d’Élisa soudain à ses yeux parut l’ombre
                  Dans un éclatant appareil.

Des myrthes, des lauriers ceignaient sa belle tête,
Sa main droite tenait un funèbre cyprès,
Sa robe brillait d’or comme en un jour de fête,
                  Tout en elle était plein d’attraits.

L’ombre approche du lit : « Séchez, séchez vos larmes,
« Ma mère, lui dit-elle, et calmez vos douleurs ;
« Sur mes destins n’ayez aucun sujet d’alarmes,
                   « Des dieux je goûte les douceurs.

« Sur le fleuve de vie, heureux fut mon voyage,
« Sous un ciel pur ma barque a vogué sans effort ;
« Mais au calme bientôt a succédé l’orage,
                   « Aujourd’hui j’accomplis mon sort.

« Vous, ma mère, espérez un avenir prospère,
« Un prince juste et bon vous promet son appui,
« Ses faveurs ont déjà calmé votre misère
                   « Et vos tourmens et votre ennui.