Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/63

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nées qui pouvait satisfaire à sa soif de domination. Il fallait donc prolonger la minorité de son fils au-delà du terme limité par les lois. Tout enfant, le cœur de Charles battait déjà d’orgueil au récit de la gloire de ses ancêtres ; une saine raison, une imagination brillante se découvraient dans les moindres actions du jeune prince. Eh bien ! effrayée de ces présages d’une force future, ce fut la main de la mère qui arracha du cœur du fils ces semences de vertus et d’honneur ; elle y jeta en place celles de mollesse coupable, de haine, de vengeance, de cruauté fanatique, qui grandirent avec tant de sève dans ce terrain qu’elle-même se plut à fertiliser. Elle rétrécit cette âme déjà si large, la pétrit, la façonna au crime, la modela sur la sienne, mais en petit ; car pour s’élever elle, il lui fallait abaisser les autres. Il n’est personne qui ignore ce qui en advint pour la France, quand Charles IX eut appliqué la pratique à la théorie des leçons maternelles.