Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/128

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jugés… et, grand Dieu ! combien n’était-ce pas avec plus de force, plus d’élan, de verve, de secousses d’âme qu’elle avait su passionner sa voix à lui exprimer ce qu’elle ressentait !… quelle différence !… et pourtant toutes deux avaient même visage. Aussi ne fut-ce qu’avec un mélange de crainte et d’espoir qu’Arthur reçut l’aveu de Francisca. Certes quelque passion qu’il eût pour elle, il n’eût peut-être pas hâté le jour qui devait la lui donner, si la mort de Louise n’eût été pour lui une leçon terrible, en lui apprenant que le temps est un créancier à qui l’on ne doit jamais accorder de sursis pour payer une dette de bonheur.

Le départ de M. d’Avello lui causa une joie secrète, une joie d’égoïste ; il espéra que sa femme n’ayant plus que lui sur qui reverser toutes ses affections présentes, ajouterait au sentiment qu’elle lui accordait ceux qu’elle avait employés à aimer de près, pays, amis, parens, et qu’ainsi lui occupant seul l’activité de son âme, finirait par obtenir de cette union de sentimens divers une somme de