Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/148

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ton amour et que tu puisses conserver cette insouciance, cette apathique froideur de sensations qui repousse et glace les miennes en les renvoyant vers mon âme ? Non, ce n’est pas une Espagnole qui peut jeter sur sa passion ce voile épais d’indifférence. Chez toi, le cœur doit subjuguer l’esprit et non l’esprit dominer le cœur. L’amour doit être un sentiment-roi commandant à tous les autres, leur imprimant, dans sa volonté de despote, le mouvement ou l’immobilité… Voilà ce qu’il doit faire, et non se laisser maîtriser lâchement, par une réserve inutile, une timidité nonchalante. Que veux-tu que je pense de la tiédeur du tien ? sinon qu’il existe un rempart de glace entre mon image et ton cœur, qu’une image plus chère, un être plus heureux obtient de toi cette exaltation de pensées, cette ardente ferveur d’amour, ce bien que tu me refuses, ce trésor que tant de mes vœux sollicitent et contre lequel j’échangerais tous les autres biens de la terre, si Dieu me les eût donnés… Non ! je le dis