Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec une amère et déchirante certitude, tu ne m’aimes pas, et tu dois en aimer un autre.

— Ah ! mon ami, pouvez-vous…

— Prouve-moi le contraire. Si je m’abuse, détrompe-moi d’une erreur qui me tue ; n’attends pas que l’habitude de la souffrance m’ait rendu le bonheur impossible en lui fermant à jamais toutes les voies de mon âme. Ah ! si tu le peux, Francisca, persuade-moi que je suis aimé… mais tu ne veux pas même l’essayer !

— Et le puis-je, Arthur, quand mes paroles, quelque vraies qu’elles soient, n’ont sur vous aucune puissance de conviction ?

— C’est qu’en me disant je vous aime, ces mots ne s’imprègnent pas d’amour en passant par tes lèvres ; c’est qu’ils ne reçoivent de ton cœur et de ta voix aucun reflet, aucun accent de passion. Ces mots ne paraissent dans ta bouche que des sons machinalement articulés et jetés dans l’air au ha-