Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/166

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— « Oui, ayant foi dans ta vertu, dans ton respect de toi-même, je préférerais la jalousie à cette léthargique sécurité, cette froide garantie de tes sentimens pour moi. Jaloux, épiant avec des convulsions d’angoisses ton amour pour un autre, dans tes paroles, dans tes regards, dans ton silence, dans ton sourire, dans ta tristesse ou dans ta joie ; portant partout avec moi l’image exécrée d’un odieux rival, la voyant se dresser comme un spectre, debout, devant ma pensée… Eh bien ! ce tourment atroce, infernal, serait encore plus doux à souffrir que ce repos, cet anéantissement dans lequel tu me plonges.

— Comment cela, mon ami ?

— Comment ? — Eh ! ne le conçois-tu pas ! Jaloux, je me dirais elle ne m’aime pas, mais je pourrais me dire elle aime ; et peut-être un jour, le temps, mes soins, ma douleur, son inconstance à lui, ou son repentir à elle la feront se retourner vers moi, me payer mes tourmens, refaire ma vie avec son amour ; me rendre heureux… Et le bonheur