Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/184

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Dérigny, décourroucé, fut en état de l’entendre, Roger reprit avec une gravité doctorale :

— « Écoutez-moi, tant que vous avez parlé, j’ai cherché phrase à phrase l’explication de ce que vous disiez. Dans ce que vous n’avez probablement regardé que comme une relation de faits, je n’ai vu, moi, que l’exposé de votre caractère ; vous l’avez, sans vous en douter, entièrement déroulé devant moi et mis dans tout son jour, à la portée de ma petite vue intellectuelle. En vous traduisant à mesure, émotion à émotion, en abaissant l’idéal au niveau du positif, j’en suis venu à vous connaître beaucoup mieux que vous ne vous connaissez vous-même.

— C’est un peu fort !

— Nullement. J’ai mis une demi-heure à étudier mon Dérigny, ce n’est pas aller vite ; il m’est souvent arrivé d’apprendre, corps et âme, tout un individu dans une minute.

— Ah !

— Sans doute, il y a tant de gens qu’un