Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/205

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parens ; une cousine de sa mère la prit chez elle et l’éleva. La comtesse la voyait à peine une fois par an et autant aurait valu qu’elle ne la vît jamais, car Juliette n’annonçait pas devoir être belle.

Le comte mourut ; sa veuve ramassa tout ce qu’elle avait d’affections éparses dans le monde, pour les verser sur un seul objet, son Ambroisine, à qui chaque jour apportait un surcroit de charmes. Beauté achevée à dix-sept ans, elle épousa alors le vieux et riche marquis de Fermont, ancien officier-supérieur. L’orgueil et l’intérêt décidèrent cette alliance, qui ne fut pas un sacrifice pour celle qui la forma ; car son cœur ne brûlait pas encore de cette fiévreuse ardeur qu’on nomme amour.

La jeune marquise devint veuve au bout de trois ans. Héritière des biens de son mari et ne perdant ainsi que lui par sa mort, elle le regretta cependant. Son deuil fut vrai. Mais le temps qui cicatrise de creuses blessures effaça par degré cette peine qui ne