Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/204

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

possibles d’un développement favorable à ces traits déjà si purs et si gracieux dans leur enfantine expression, elle se dit que sa fille serait belle, et elle l’aima.

Deux autres rejetons sortirent de la tige des Kersanec ; hélas ! deux filles encore ! mais Dieu qui les prit en pitié, les rappela bientôt de la terre au ciel ; la mort les trouva mûres au bout de quelques jours, pauvres petites ! ce fut heureux pour elles. La patience de la comtesse se trouvait épuisée ; il ne lui en restait plus pour subir une quatrième fille, lorsqu’il en vint une. Celle-là ne s’en fut pas du monde ; elle y resta pour porter, innocente victime, le poids de la haine d’une mère. Malheureuse Juliette ! enfant réprouvée ! tu fus maudite en venant au jour, par celle qui t’avait donné l’être, et le sein paternel ne t’offrit pas un refuge pour t’y sauver de cette injuste et cruelle inimitié. Quand sa femme te vouait à une éternelle exécration, ton père eût-il osé t’aimer !

Juliette fut éloignée de la maison de ses