Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/223

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lesquels la prévoyance la plus active se précautionne souvent en vain. Je me suis dit qu’un instant suffisait pour entraîner de la félicité la plus exquise à l’infortune la plus amère… et j’ai eu peur.

— Eh mon Dieu ! ma bien-aimée ! si nous regardions ainsi à toutes les pierres du chemin, oserions-nous jamais faire un seul pas ? Il vaut mieux aller à l’aveugle. Mais, pour dissiper cette noire pensée qui vous attriste, consultez vos croyances superstitieuses ; et si vous voulez attacher un présage à ce feu défait, choisissez celui-ci comme un des plus accrédités : un tison qui roule, c’est le sort qui apporte un événement heureux. Ce qui reste à savoir, c’est si nous avons tous deux une part dans l’événement promis, ou s’il ne doit arriver qu’à l’un de nous deux un surcroît de bonheur ; si c’est à moi, c’est peut-être enfin le choix de ce jour de suprême félicité, ce jour où le sceau des lois doit s’apposer à notre amour. Mon amie, vous le retardez bien long-temps ; combien