Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/230

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vous porté mes couleurs, proclamé mon nom dans les tournois ? M’eussiez-vous envoyé vos captifs enchaînés, vos géans vaincus ?

— Et vous, belle dame, eussiez-vous, adorable inhumaine, réduit par vos rigueurs le pauvre esclave de vos charmes au désespoir, à la folie ou à la mort ? Ou bien, pour le récompenser de sa bravoure, pour le payer de sa constance, lui eussiez-vous octroyé le don précieux de votre cœur ?

— Oui, si vous eussiez été mon chevalier, vous eussiez été le seigneur de mes pensées, le roi de mon âme… comme vous l’êtes, mon ami.

— Vous m’aimez donc ?

— Ingrat !… Il le demande, il ne le sait peut-être pas.

— C’est que je ne pourrai jamais en être assez persuadé, mon ange. Mais où en étiez-vous de l’histoire du brave et galant don Quichotte de la Manche ? Sa redoutable épée venait-elle de pourfendre quelque géant, de