Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/281

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L’examen le plus minutieux de l’amitié la plus attentive n’aurait pu rien découvrir d’extraordinaire au fond de la pensée de madame de Ferment. Mais nous qui sommes dans le secret de sa peine, nous présumons facilement combien elle devait souffrir, et nous applaudissons à l’excès du courage avec lequel elle réussissait à feindre la tranquillité. Elle recevait Roger comme à l’ordinaire, mais devant le monde… Elle avait évité avec le plus grand soin de se trouver seule avec lui. Devant témoins, elle se contraignait assez pour sourire aux brillantes saillies du baron, pour applaudir à sa grâce, à son amabilité, pour répondre aux louanges qu’on faisait de lui. Mais elle ne se sentait pas assez de force pour l’écouter parler d’amour. Pour en venir là, il lui aurait fallu un secours surnaturel, et ce n’était plus le temps des miracles.

Une fois seulement si des regards amis avaient alors interrogé son visage, un reflet de son cœur eût paru sur ses traits. Elle causait avec un ancien avocat qu’elle con-