Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/317

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son en reçut une secousse violente, et bientôt elle fut en proie à une sorte de délire muet et concentré ; cancer moral qui lui rongeait le cœur. Attentive à veiller sur sa douleur, le secret en restait dans son âme. Mais un orage continu grondait sourdement dans cet esprit fracassé, que remplissaient parfois de silencieuses et fantastiques frayeurs.

La pensée de voir une tache au noble nom de Kersanec, l’insupportable appréhension d’une insulte à la mémoire de sa fille, la torturaient d’atroces inquiétudes. La vue des cheveux d’Ambroisine qu’elle avait trempés dans l’eau consacrée ; l’aspect du portrait de la marquise, la lecture de sa lettre d’adieu, le souvenir du serment prononcé pendant cette messe funèbre à laquelle elle avait assisté tout semblait prendre une forme ; chaque idée devenait un fantôme poursuivant son esprit. Reposait-elle un moment, sa fille lui apparaissait. Elle la voyait, entourée de fleurs aux parfums mor-