Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/362

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Quatre jours s’écoulent, Dérigny, à bout de sa résignation à la patience, se décide enfin à se présenter chez la baronne.

Il vient de terminer sa toilette, il va sortir ; on lui apporte une lettre de sa femme. Il l’ouvre, et la parcourt d’un regard mécontent. Malheureusement pour elle, la pauvre Francisca ne s’entendait nullement à passionner son style ; elle écrivait comme elle sentait ; ses expressions s’enchaînaient naturellement, simples, naïves, et pourtant choisies ; mais elles ne pouvaient émouvoir, elles étaient pour cela trop paisiblement vraies.

— Quelle femme ! s’écria-t-il avec humeur. Il n’y a donc dans toutes les chances probables de la destinée humaine aucune secousse, quelque violente qu’elle soit, dont elle puisse ressentir au cœur la plus légère commotion. Rien aujourd’hui dans cette âme de plus qu’hier, de moins que demain. Toujours la même, toujours ; quelle insipide monotonie ! quelle existence de plomb !