Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/386

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sur son malheur d’avoir épousé une femme dont l’âme était si peu en harmonie avec la sienne, l’aima.

Le bonheur, comme tout autre chose, ne peut vivre toujours ; et celui qui n’avait besoin ni d’inquiétudes ni de larmes pour s’alimenter ne pouvait convenir long-temps à Dérigny. Il lui fallait du malheur pour être heureux ; Roger le lui avait dit, et c’était vrai.

Fatigué de son monotone bonheur, car Juliette l’aime toujours, Dérigny, qui dans les commencemens la quittait à peine, s’en éloigne souvent. Un jour qu’absorbé dans ses réflexions, il marche sans rien voir, quelqu’un lui frappe légèrement sur l’épaule ; il se détourne, et reconnaît Roger, ce beau lieutenant qui jadis avait excité si injustement sa jalousie. Arthur lui apprend que, par suite de ses mauvaises affaires, il s’est vu forcé de venir à Paris pour y solliciter une place dans quelque bureau, et lui parle du chagrin qu’il éprouve du peu de succès de