Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/463

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Tu sais que lorsque je lui engageai ma royale parole de donner la Champagne et la Brie à mon frère Charles, je ne l’ai fait que parce que je n’avais que ce moyen de me tirer sain et sauf des ongles du lion, prêts à m’entrer au cœur. Le duc m’a traité là comme un enfant qu’on châtie ; et moi, comme un enfant, j’ai dû crier merci quand j’ai vu la verge se lever sur moi. Tu n’as point oublié mon séjour à Péronne ni mon voyage à Liège ; tu es trop équitable pour regarder comme un parjure l’oubli du serment que j’ai fait à cet enragé de Bourguignon, ce vrai taureau toujours montrant la corne. Tu comprends combien il serait dangereux, pour l’éclat de ma couronne et le bien de mon royaume, que je fusse contraint à m’en souvenir ; et si je te prie d’aider à ce qu’il me soit permis de manquer de mémoire, sans qu’il m’en advienne mal de mon oubli, c’est autant et plus même, sois-en bien persuadée, dans ton intérêt que dans le mien. Car réfléchis un peu, chère Notre-Dame, comment vou-