Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/464

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drais-tu que je pusse vêtir tes moines et doter tes couvens, s’il me fallait dépenser à équiper mes hommes d’armes et à munir mes places fortes tout l’argent que mes bonnes villes me fournissent. J’aurais beau augmenter les taxes, la guerre a un trop rude appétit pour quitter le festin, tant qu’il y reste encore quelques os à ronger. Judicieuse comme tu l’es, tu conçois tout cela bien des fois mieux que je ne puis l’exprimer ; et pourtant tu me laisses m’aventurer à l’aveugle, me heurter contre mille suppositions, sans toucher à la moindre certitude. Qui peut t’avoir indisposée contre moi, toi qui me fus toujours si douce et si gracieuse amie ? Aurais-tu regardé d’un œil mécontent ce beau treillis d’argent dont j’ai fait orner la châsse de saint Martin de Tours ? Il est vrai qu’il m’a coûté un peu cher, 5 776 marcs 2 onces et 2 gros [1], c’est beaucoup pour saint Martin ; mais c’est égal ; j’avais tant de vieilles dettes à lui payer ; et d’ailleurs n’est-ce pas lui dont la bienheu-

  1. Historique.