Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/471

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— « Cependant, je te l’avouerai, je penche plutôt à soupçonner le cardinal que toi ; non que je te pense plus affectionné ou plus reconnaissant, mais c’est que lui, Rome l’a fait indépendant ; qu’un prince souverain peut vouloir d’un cardinal pour ministre et qu’un simple seigneur ne voudrait peut-être pas d’un barbier pour ami. »

L’orgueil humilié du favori ne se permit qu’un léger sourire pour vengeance du royal affront. Et quand le roi put enfin se lever, il poursuivit, en se parlant haut à lui-même et en marchant à pas inégaux dans la chambre :

— « Le ciel avait bien besoin de m’embarrasser d’un frère ; damné soit celui qui s’est avisé le premier d’introduire un grain d’ambition dans cette cervelle d’enfant ! Le cher mignon, ne fallait-il pas lui laisser ma riche province de Normandie ; lui fleuronner son bandeau de prince du plus précieux joyau de ma couronne ! Est-ce que nous n’en finirons jamais avec ce maudit apanage ? N’a-t-on pas versé assez de sang pour cette misé-