Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/492

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Au nombre des talens tant soit peu mondains que possédait le révérend père, se trouvait celui de s’entendre parfaitement à l’invention et à la confection d’instrumens musicaux. Bien que l’harmonie soit la langue des anges, le temps que l’abbé consacrait à la musique ne tournait guère au profit de ses occupations religieuses, ni de son avancement dans l’église ; car, malgré la faveur dont il jouissait auprès de Louis XI, l’abbé n’avait qu’à grand’peine obtenu, pour tout bénéfice, qu’une abbaye de bénédictins, celle de Baigne. Mais, n’ayant d’autre ambition que celle de vivre sans soucis à la cour, de s’y rendre utile, en fait de plaisir, par l’agrément de son esprit et la souplesse de son caractère, il s’était fait un bonheur plus facile à porter que celui d’un évêque ou d’un ministre, et s’était acquis une forte part dans la familiarité du souverain qu’il divertissait par ses spirituelles saillies et ses inventions originales ; en un mot, l’abbé était, pour ainsi dire, l’intendant des menus-plaisirs de la cour.